Dernière modification le 23 janvier 2024 par jeff

Mauvaise note ado

Votre ado vous ramène une mauvaise note. Que ce soit une nouveauté ou bien une habitude, cela ne fait jamais plaisir. Alors tout se bouscule dans votre tête. Vous êtes inquiet pour son avenir, vous avez peur pour lui, vous vous sentez démuni. Vous en avez déjà parlé avec votre conjoint, mais vous vous sentez dans une impasse.

Sachez que vous n’êtes pas seuls, la plupart des parents passent par là.
Et si je vous partageais les erreurs les plus communes et comment mieux réagir ? Cela vous redonnerait un peu de sérénité.

Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti.

Article rédigé par Marina BREDY.

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Erreur n°1 – Lui crier dessus

Première réaction classique, vous lui criez dessus.

Il est tard, vous rentrez du travail avec les enfants dans la voiture.
Les réunions au bureau ont été pénibles et longues, vous êtes fatigué(e) et rêvez d’un moment de calme chez vous.
Hélas, les enfants se chamaillent à l’arrière et là votre ado vous annonce sans ménagement qu’il a eu une mauvaise note en maths.
C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Vous haussez le ton avec peut-être des mots durs à entendre.

Il est temps que ça cesse.
Vous espérez enfin attirer l’attention de votre ado sur son comportement. Il va droit dans le mur, bla bla bla… il a fermé les écoutilles.

Car je ne sais pas si vous le savez, mais lorsqu’on crie sur un ado il ne vous entend pas. Et même pire, c’est l’inverse qui va se produire, au lieu de vous écouter il va alors s’installer dans un comportement rebelle.

En effet, une étude du Michigan de 2015 [1] montre que crier sur un ado ne va pas améliorer ses notes, cela va plutôt le renfermer sur lui-même, et il ne va pas collaborer.

Les chercheurs ont interrogé 500 filles et garçons américains scolarisés, et leurs conclusions suggèrent que votre attitude peut l’aider à rebondir et à progresser, seulement si vous ne vous énervez pas.

La solution

Mais pas de panique, nous pouvons toujours communiquer avec un ado.
L’essentiel va être d’éviter de réagir à chaud et de trouver un moment calme pour discuter avec lui. Il est important de vous placer dans un bon état d’esprit.

Ensuite vous pouvez commencer par vous demander si c’est une mauvaise note isolée ou s’il fait face à une baisse généralisée de ses notes.
Cela vous mettra sur la piste de solutions concrètes.

Erreur n°2 – Punir et sanctionner directement la mauvaise note

Deuxième réaction classique, vous le punissez. Votre ado comprendra que vous n’acceptez pas les mauvaises notes !!

C’est tentant, mais en réalité que se passe-t-il dans son cerveau quand on punit notre ado ?

Dans le cerveau, l’amygdale cérébrale, qui est le centre de la peur, est mature dès la naissance, alors que les structures cérébrales capables de la freiner sont peu fonctionnelles. Le jeune depuis son enfance ressent donc la peur avec beaucoup plus d’intensité que l’adulte.

Et sous l’emprise de la peur et de l’insécurité, le cerveau du jeune sécrète des molécules de stress (cortisol, adrénaline), très toxiques pour son développement comme le montrent les études de Cannistraro [2] et Baumrind [3] .

En 2013, la chercheuse Rebacca Waller de l’université d’Oxford [4] a fait le bilan de trente études sur les éducations punitives et sévères.

Elle conclut que leurs effets sont dramatiques et que ce type d’éducation non seulement n’aident pas l’enfant à devenir meilleur, mais au contraire ont des effets extrêmement négatifs sur sa personnalité et son comportement à moyen et long terme, altérant sa sensibilité, son empathie, et pouvant déboucher sur des conduites antisociales telles que l’agressivité, la dépression, voire des addictions.

Quelles sont les conséquences à plus long terme de la punition ?

Elles sont multiples :

– l’ado nourrira du ressentiment envers son parent, et il peut basculer dans la rébellion.

– une baisse de la confiance de l’ado dans son parent, puisque l’ado ne se sent pas compris, qu’il ressent la punition comme une injustice, ou encore qu’il perçoit son parent comme dépassé et impuissant…

– une baisse de son estime de soi, puisque la punition le dévalorise.

– une perte progressive de l’autorité parentale : l’ado va progressivement se protéger de ses sentiments négatifs en se disant « je m’en fiche », et le parent se voit contraint d’utiliser des punitions de plus en plus sévères.

Pourquoi, dans le fond, la punition n’est-elle pas efficace ?

Le défaut de la punition c’est qu’elle ne cible pas la cause du problème. Traiter le symptôme sans en comprendre la cause ne permet pas de résoudre le problème de manière durable.

Priver de sortie un élève qui a échoué à un contrôle de mathématiques peut s’avérer inopérant surtout cette punition n’a rien à voir avec la faute commise et donc n’est pas la véritable cause de son échec.

La solution

Comme dans l’erreur n°1, la première chose à faire est d’éviter les réactions à chaud et de trouver un moment calme pour discuter avec votre ado.

Il sera plus efficace d’analyser avec lui à quoi est due cette mauvaise note et donc de rechercher la racine du problème, en utilisant une technique de questionnement.

C’est une occasion précieuse de travailler sur ses faiblesses et donc une opportunité de progresser à saisir.

Vous pouvez commencer par chercher à savoir si cette note est due à un manque de travail.

Si c’est le cas, alors il faut étudier avec lui comment il pourrait s’organiser mieux la prochaine fois pour fournir plus de travail.

Il est important d’identifier avec votre ado comment il pourrait être efficace dans ces révisions et comment il pourrait se motiver.

Sinon, n’a-t-il commis des erreurs d’inattention, pas compris la consigne, pas eu le temps de finir le contrôle ?

Certaines difficultés peuvent être traitées facilement en reprenant avec lui ses erreurs.

Erreur n°3 – Se mettre sur son dos et le harceler – le syndrome du parent sauveur

 

Vous avez décidé de ne rien lâcher. Vous allez vérifier tous ses devoirs, tous ses contrôles, toutes ses notes.

J’ai vécu ça avec mon aîné : je vérifiais tous les soirs son agenda et dès qu’il bloquait dans ses devoirs je l’aidais à faire ses devoirs.

Le problème était double : mon fils était ainsi devenu dépendant de moi, il se sentait incapable de faire ses exercices tout seul, et en plus je me retrouvais aux prises avec les devoirs tous les soirs et le week-end. Je n’avais plus de temps pour le reste de la famille et mes autres activités.

Êtes-vous vous aussi tombé dans le piège du parent sauveur ?

Par ailleurs, comme vous l’aurez remarqué, il y a des adolescents qui obéissent, mais pas tous. Ainsi ces pratiques et attentes parentales qui s’avèrent positives pour de jeunes enfants peuvent avoir des effets moins favorables, voire négatifs, à l’adolescence.

Une étude de Coleman Brittany et Nell McNeese Mary a même montré que certains adolescents opposeraient une certaine résistance à la participation des parents. Cette résistance peut conduire à une dégradation des résultats scolaires [5].

Par ailleurs, on place son ado dans une position difficile.

On le rend dépendant de nous, dépendant à l’approbation de l’adulte, et à encore plus long terme des autres en général sur ce qu’il doit faire ou non. Pourquoi l’ado s’inquiéterait-il de son avenir et de ses notes alors que ses parents le font pour lui ?

Du coup ce système devient inefficace, car il a pour conséquence de faire perdre aux ados leur sens des responsabilités

La solution

La bonne solution passe par sa responsabilisation en lui demandant d’assumer les conséquences de ses actes.
Vous pouvez voir avec lui dans quelle mesure il souhaite que vous le souteniez.

Pour le mettre sur de bons rails, vous pouvez l’aider à élaborer un plan d’attaque et ensuite le laisser gérer la situation

1/ Un emploi du temps clair et partagé

Mettre en place avec lui un système d’organisation, et élaborer ensemble un plan d’attaque.

Pour cela, vous pouvez l’aider à établir son emploi du temps de la semaine en incluant les cours, les activités extra scolaires, les éventuels rendez-vous hebdomadaires, et aussi du temps pour les devoirs, l’apprentissage des leçons, ou les exercices à faire.

Il se bloquera des heures consacrées aux devoirs dans l’emploi du temps et il s’engagera à les effectuer au même titre que les heures de cours classiques.

Cela vous donnera à tous les 2 une vision d’ensemble de la semaine, et ce sera un moyen rapide de savoir ce qui l’attend demain ou le surlendemain, et de repérer le temps libre qui lui reste.

2/ Le lâcher-prise dans un cadre ferme, mais bienveillant

Un adolescent a besoin d’un cadre. Votre position vis-à-vis du travail doit être certes ferme, mais également stable et cohérente. La bonne attitude à adopter : rester à l’écoute de ses difficultés, tout en restant intransigeant(e) sur le « deal » que vous avez passé au moment de la mise au point et des objectifs fixés.

Le dialogue est important pour qu’il puisse vous solliciter en cas de besoin.

L’idée est « que votre ado sente la présence et la force de ce nouveau regard bienveillant et prenne conscience de l’existence de nouvelles limites qu’il aura lui-même contribué à instaurer », tiré du livre “Au secours ! Mon ado ne veut pas travailler…” de Isabelle Sandillon (Éditions Eyrolles).

Erreur n°4 – Remettre en cause l’enseignant qui a mis la note

Comme tous les parents, vous souhaitez protéger votre jeune. Vous avez peut-être été victime d’injustice commise par un professeur durant votre scolarité et certaines remarques de votre ado peuvent vous faire laisser penser qu’il l’est lui aussi.

C’est injuste, toute la classe a eu 15 et moi le prof m’a mis 8”.

Il est alors tentant d’accuser l’enseignant d’avoir trop sévèrement jugé le travail de son ado, de l’avoir pris en grippe ou d’être tout simplement incompétent.

Vous voilà donc prêt.e à bondir pour défendre votre jeune.

Solution

Avant de vous précipiter à écrire un mail incendiaire ou à prendre un rendez-vous immédiat avec ledit professeur ou encore à le dénigrer devant votre ado, prenez d’abord le temps de comprendre pourquoi l’enseignant a mis cette mauvaise note. Agir sous le coup de l’émotion peut vous porter préjudice.

Vous pouvez sonder les parents de camarades pour confirmer les notes des autres.

Enfin, si c’est nécessaire, plutôt que d’interpréter les intentions, prenez rendez-vous avec son enseignant si vous désirez en savoir plus et allez-y sans a priori.

Vous pourrez ainsi lui demander ce qu’il pense de votre enfant, une mauvaise note ne signifie certainement pas une mauvaise appréciation. Il pourra aussi vous partager ce qui selon lui a pu lui faire défaut ou les points d’amélioration à travailler.

Si votre ado est au lycée, il peut de lui-même demander à être reçu par son enseignant. Cela lui sera profitable pour sa vie future (vous n’irez pas voir son employeur s’il obtient un blâme ou manque la promotion souhaitée, n’est-ce pas ?).

Voilà! Vous connaissez les 4 premières erreurs que nous commettons tous un jour ou l’autre lorsque nos enfants nous amènent une mauvaise note.

Comme toutes les réactions, elles mettront du temps à changer. Mais vous connaissez maintenant des solutions concrètes. À vous de les tester.

Comment allez-vous réagir à la prochaine mauvaise note de votre enfant ?

Voir la seconde partie de l’article

 

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Notes et références

[1] Tang, S., & Davis-Kean, P. E. (2015, August 3). « The Association of Punitive Parenting Practices and Adolescent Achievement ». Journal of Family Psychology.»

[2] Cannistraro ,P.A., y Rauch, S.L. (2003). « Neural circuitry of anxiety: Evidence from structural and functional neuroimaging studies ». Psychopharmacol Bull, 37, 8–25

[3] Baumrind Diana (1966). « Effects of authoritative parental control on child behavior ». Child development, vol. 37, n° 4, p. 887-907.

[4]  R. Waller et al. (2013, April) « What are the associations between parenting, callous-unemotional traits, and antisocial behavior in youth?» A systematic review of evidence, Clinical Psychology Review 33(4):593–608, DOI: 10.1016/j.cpr.2013.03.001

[5] Coleman Brittany & Nell McNeese Mary (2009). « From home to school : The relationship among parental involvement, student motivation and academic achievement ». The international journal of learning, vol. 16, n° 7, p. 459-470.

4 Commentaires

  1. En effet, voilà bien 4 erreurs que nous commettons tous, un jour ou l’autre, lorsque l’enfant que nous chérissons nous ramène cette note qui ne correspond pas du tout à ses capacités.
    Mais l’important est de ne pas perdre de vue que même si nous avons déjà commis une ou plusieurs de ces erreurs par le passé, cela ne fait pas de nous des mauvais parents.
    Cet article est vraiment très intéressant, pour nous rappeler qu’il faut trouver le bon équilibre, pour ne pas devenir le parent sauveur.
    Aider sans crier et sans jugement, il faut trouver le juste milieu pour épauler notre adolescent vers sa propre autonomie de jugement et d’apprentissage.
    N’oublions pas que c’est par l’essai-erreur que l’on apprend. Il faut surtout s’assurer que l’élève à compris ces erreurs et pourquoi il les a faites. C’est comme cela qu’il pourra se corriger et apprendre de ses erreurs.
    Bravo et merci Marina pour cet article très pertinent.

    • Bonjour Kelly,
      Merci pour ce message.

      N’oublions pas que c’est par l’essai-erreur que l’on apprend.

      Oui, l’essai, l’erreur et la correction bien sûr. Trop de parents culpabilisent et tombent dans une forme de non action de peur de faire une erreur ou des erreurs. On reste des être humain. L’essentiel est que ces erreurs soient identifiées, reconnues et bien sûr corrigées.

  2. Article très intéressant, bien écrit et avec des solutions activables très simplement : bravo Marina 🙂

    Le conseil le plus précieux qui revient plusieurs fois dans l’article, c’est effectivement de ne pas réagir à chaud et de prendre un moment au calme pour discuter avec son ado. Je suis entièrement d’accord !

    Le coup de l’emploi du temps clair et partagé, je trouve ça top : on est presque sur de la méthode agile sans toutefois aller dans l’excès (là c’est l’ingénieur qui parle). Une fois que le deal est passé, les objectifs clairs et identifiés, l’ado se sentira porté et dans un cadre clair. Le fait qu’il ait contribué à sa construction aura l’avantage de le laisser en apprécier les limites, quitte à reboucler ensuite avec son parent s’il y a des retouches à faire.

    J’ai hâte de lire la suite !

    • Bonjour Thomas,
      Merci pour ce message.

      Une fois que le deal est passé, les objectifs clairs et identifiés, l’ado se sentira porté et dans un cadre clair.

      Oui! C’est tout à fait cela. Le cadre et l’objectif doivent être clair pour trouver les ressources de la motivation.

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