Dernière modification le 23 janvier 2024 par jeff
Dans la première partie de cet article, vous avez découvert que lui crier dessus, le punir, le harceler en étant sur son dos ou encore remettre en cause l’enseignant étaient des erreurs courantes et que des approches différentes étaient possibles.
Découvrez maintenant les 4 dernières erreurs à éviter dans les réactions à une mauvaise note.
Voir la première partie de l’article
Article rédigé par Marina BREDY.
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Erreur n°5 – Croire qu’il le fait exprès, pour vous provoquer
Vous vous démenez à fond pour que la scolarité de votre ado se passe bien, en assurant son suivi, en lui faisant donner des cours de soutien, etc.
Ou bien encore vous pouvez aussi rencontrer des difficultés personnelles et n’avez pas besoin de soucis supplémentaires.
Vous pouvez alors imaginer que ses mauvaises notes sont une provocation, un stratagème monté par votre ado pour vous causer un souci de plus. Vous n’êtes pas le ou la seule à ressentir cela.
C’est arrivé à une de mes amies. Elle m’appelle un jour pour me demander si je pouvais aider son fils qui commençait à accumuler les mauvaises notes. Elle tentait de l’aider, mais il s’enfonçait de plus en plus et semblait se moquer de la situation. Elle avait l’impression qu’il la provoquait.
Après avoir discuté avec lui, j’ai découvert qu’il était brimé par des camarades au collège. Il ne voulait pas en parler à sa mère. Il minimisait la situation. Ce n’était pas si grave me disait-il; au fond il avait peur des représailles. Sauf que cette situation le faisait s’isoler de plus en plus et que son mal-être l’empêchait de se concentrer en classe. Ses résultats plongeaient. Une discussion avec ses parents et le collège ont permis de sortir de cette situation et retrouver le plaisir d’aller au collège. Les notes ont suivi.
Mon amie était à côté de la plaque. Elle s’était laissé berner par le biais de corrélation. Il s’agit en effet de croire en une relation de cause à effet qui est fausse. Il a des mauvaises notes pour me provoquer, il le fait exprès.
Or votre ado est peut-être tout simplement mal dans sa peau. Le mal-être adolescent est une réalité.
Ainsi l’Unicef [6] a mené une grande consultation nationale, auprès de 26458 participants en 2018 qui fait ressortir un important mal-être : 67% des sondés ont répondu être angoissés à l’école. Cette angoisse scolaire augmente avec l’âge passant de 56,1% à 6 ans à 78% à 17 et 18 ans au moment où les élèves préparent leur bac. 25,6% des répondants reconnaissent qu’il leur est déjà arrivé de penser au suicide.
Par ailleurs, les jeunes sont sollicités par diverses consommations. 12,8% reconnaissent fumer du tabac, 20,8% consommer de l’alcool et avoir été en situation d’ivresse, 29,5 % avoir été sollicités pour consommer de la drogue et 13,5% en ont déjà consommé.
Sans compter le harcèlement, notamment sur les réseaux sociaux. 58 % des jeunes sont présents sur un réseau social, mais 60% ressentent des frustrations. Plus grave, 24 % des jeunes sondés de 18 ans déclarent avoir été agressés ou harcelés sur les réseaux.
Solution :
Avant de tirer une quelconque conclusion, vous devez vous assurer que votre ado va bien. En effet, les mauvaises notes peuvent être un message voire un appel au secours.
Vous pouvez lui demander s’il rencontre des difficultés particulières au collège ou au lycée (harcèlement scolaire, mal-être, dépression, consommation de drogues, mauvaises fréquentations, etc.).
Intéressez-vous à sa vie personnelle et vérifiez avec lui s’il a besoin d’attention et/ou de limites. Les jeunes ont besoin de cadre pour se construire.
Erreur n°6 – L’excuser – « De toute façon, il est nul en maths » ou « Il est mauvais en français, c’est de famille »
« De toute façon, il est nul en maths »
Votre ado vous ramène des notes nulles, voire médiocres, depuis le primaire. Une certaine habitude s’est installée. Ainsi apparaît cette petite phrase qui le suivra toute sa vie et dont il se servira pour justifier de ses résultats « De toute façon, je suis nul en maths »
« Il est mauvais en français, c’est de famille ».
Et puis vous aussi vous faites des fautes d’orthographe à toutes les phrases (heureusement qu’il y a le correcteur orthographique et qu’avec les SMS on peut parler en abrégé 🙂 ). Aucun besoin de se fatiguer et de lutter, c’est de famille !!
Votre cerveau vous a bien eu !! Il est paresseux et prend des raccourcis.
C’est comme pour le sport. Des études ([7] et [8]) ont été menées sur notre inclination à ne pas faire d’exercice physique par paresse du cerveau. Il en découle que notre cerveau est paresseux et ne cherche pas les conséquences à long terme (se fatiguer à faire du sport pour être en forme plus tard ou profiter du canapé ??).
Le cerveau en bon paresseux cherche une explication rapide et simple. Et là nous tombons dans le biais de confirmation d’hypothèse. Chaque fois que nous entendons quelque chose de nouveau, nous avons tendance à accepter les éléments qui confirment des faits que nous connaissons déjà (bien qu’il n’y ait peut-être aucune preuve).
L’explication simple et rapide à “mon ado a encore une mauvaise note en maths” est donc “mon ado n’a jamais été bon en maths”.
Or les difficultés qu’il rencontre en maths proviennent probablement de vraies lacunes qui n’ont pas été comblées et qui avec le temps se sont accumulées.
Solution :
Avant de définitivement l’excuser pour toutes ses mauvaises notes, il vous faudra donc investiguer pour savoir quel type de lacune rencontre votre ado (méthodologique, compréhension, organisation, etc.) et quelle est leur importance (la taille de ces lacunes). Un ou plusieurs blocages non vus ou non traités peuvent aussi l’empêcher d’apprendre.
Mais ne vous attendez pas à ce que votre ado vous dise ce qu’il ne comprend pas, car cela peut parfois être le brouillard dans sa tête (il vous répondra sûrement qu’il ne comprend rien 🙂 ).
S’il rencontre des difficultés de compréhension dans une matière, son professeur, puisqu’il le suit au quotidien dans ses apprentissages, peut vous accompagner dans cette analyse en identifiant les domaines ou sujets à travailler. Prenez rendez-vous avec son professeur rapidement. Des adaptations ou des pistes peuvent vous être proposées.
Vous pourrez ensuite vous tourner vers le soutien scolaire.
Erreur n°7 – Identifier votre ado à sa note (ou à ses résultats scolaires)
On peut facilement tomber dans une spirale négative en assimilant l’ado avec sa note. Le problème d’identification. On n’est pas ses résultats scolaires.
Il faut avoir en tête qu’avoir des mauvaises notes ne signifie pas être mauvais.
Vous avez sans doute eu, vous aussi, des mauvaises notes à un moment ou à un autre.
Par ailleurs, certaines transitions comme le passage en 4ème, ou au lycée, peuvent représenter une marche importante. En effet, on passe par exemple en 4ème d’un travail d’apprentissage souvent “par cœur” à un travail d’analyse et de synthèse. Les méthodes utilisées jusqu’alors ne sont plus adaptées ou efficaces.
Notez que vous n’êtes pas le seul à vous inquiéter. Les élèves eux-mêmes sont stressés par leurs notes.
Ainsi selon le rapport CEDRE maths de l’Éducation Nationale, en 2019, la grande majorité des élèves se déclarent anxieux vis-à-vis des notes. Ainsi, 74,2% s’inquiètent d’avoir de mauvaises notes en mathématiques (72% en 2014) et 38,1% le sont par la résolution de problèmes (33,8% en 2014).
Les élèves en difficulté sont d’ailleurs ceux qui souffrent le plus. Leur retard s’accentue toujours plus. Par exemple, en français, le rapport CEDRE français de l’Éducation Nationale datant de 2015, note que les élèves en retard sont plus souvent en difficulté que les autres. Le rapport mentionne “Ce fait est à mettre en relation avec la baisse des taux de redoublement. En effet, ce sont les élèves les plus en difficulté qui restent en retard.”
Solutions :
Votre ado a avant tout besoin de votre soutien et de votre encouragement pour avoir envie de progresser encore et encore. Il est donc important de valoriser chaque progrès dans les matières qui sont les plus difficiles pour lui.
Même après une petite victoire à un contrôle, et surtout si vous savez qu’il a fourni un effort pour un contrôle, mais que le résultat obtenu n’est pas celui que vous attendiez.
Si les difficultés apparaissent lors de transitions (6ème, 4ème, lycée), je vous encourage à revoir avec lui ses méthodes d’apprentissage ou comment apprendre à apprendre. Ce travail peut notamment se faire avec un coach scolaire.
Erreur n°8 – Baisser les bras et renoncer
Vous êtes au bout du rouleau, vous estimez avoir tout testé. Votre conclusion est sans appel: «De toute façon, il n’est pas fait pour l’école».
Les vraies questions derrière cela sont : votre ado manque-t-il de motivation globale pour l’école ? Se désintéresse-t-il de l’école ?
Qu’est-ce qui fait selon vous (ou selon lui) qu’il en est arrivé là ? Comment l’aider à passer ce cap et à continuer d’avancer ?
Car oui, selon une étude menée par Geneviève Bergonnier-Dupuy & Sylvie Esparbès-Pistre en 2007 [11], l’implication des parents dans la réussite scolaire a une influence sur la réussite. Certes, le père et la mère ne s’impliquent pas de la même manière dans le suivi scolaire. Et cette implication est encore différente suivant leur niveau d’études. Mais l’évolution de notre société montre qu’aujourd’hui ce sujet est plus important pour les parents qu’il ne l’était par le passé.
Par ailleurs, comme le confirment l’étude de Gordon [10] et l’article publié par le docteur Frédéric Neuman [9], la réussite est fortement liée à la confiance en soi de votre ado.
Comment lui donner cette confiance dont il a tant besoin ?
Solution:
Oui, votre ado est plein de ressources. Il pourra réussir sa vie même s’il ne fait pas de grandes études. Mais il a parfois besoin de motivation pour fournir les efforts nécessaires.
Exprimez lui que vous avez confiance en lui pour améliorer ses notes et que vous êtes à ses côtés s’il a besoin de vous. Découvrez ce qui est important pour lui dans la vie, soyez concret sur l’utilité des études, partagez vos propres motivations, mais vous pouvez aussi déclencher le plaisir en vous appuyant sur les activités extra-scolaires pour apprendre autrement.
Et si après toutes ces pistes ou si votre ado ne veut plus que vous interveniez dans sa scolarité, l’aide de spécialistes extérieurs devient nécessaire (psychologue ou coach scolaire).
Particulièrement, si vous le sentez bloqué en mode « je suis nul », il est important d’arriver à rapidement lever les blocages pour le remettre sur le chemin de la réussite scolaire.
Donc, pour résumer les 8 erreurs que nous avons explorées ensemble :
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Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive, il existe encore d’autres réactions, pas toujours appropriées.
Mais pour chacune de ces erreurs, je vous ai proposé une solution qui fonctionne.
Ces solutions vous permettront d’améliorer votre réaction face à une mauvaise note de votre ado.
Il est normal d’avoir des réactions qui ne nous satisfont pas toujours, car nous sommes souvent guidés par nos émotions. Ce n’est pas un drame. Oui, vous auriez pu mieux faire.
Mais c’est rattrapable, je vous l’assure.
Par ailleurs, le cerveau est un organe complexe: étudier notre psychologie humaine pour comprendre ce qui fonctionne prend du temps, beaucoup de temps.
Or, vous n’avez que 24 heures dans une journée et pas toujours le temps de vous poser pour prendre du recul.
C’est pour cela que les coachs scolaires peuvent vous aider ainsi que votre ado.
Si vous vous sentez débordé par la scolarité de votre enfant, que celui-ci se sent “nul” et que vous cherchez une solution pour en sortir, cliquez ici pour venir voir ce que je vous propose.
Et n’oubliez pas : le parent parfait n’existe pas. Dites-vous simplement : « comment pourrais-je aider mon ado à réussir mieux la prochaine fois ? »
P.S. Dites-moi en commentaire quelle erreur avez-vous décidé de bannir parmi toutes celles que nous avons abordées dans cet article.
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Notes et références
[6] https://www.unicef.fr/sites/default/files/unicef-france-consultation-nationale-2018_.pdf
[7] Aging and motor inhibition: A converging perspective provided by brain stimulation and imaging approaches, Oron Levina,∗,1, Hakuei Fujiyamaa, Matthieu P. Boisgontiera, Stephan P. Swinnena, Jeffery J. Summersc
[8] B. Cheval et al., Avoiding sedentary behaviors requires more cortical resources than avoiding physical activity: an EEG study, Neuropsychologia, vol. 119, pp. 68-80, 2018.
[9] Neuman, MD, Fredric. « Faible estime de soi. » La psychologie aujourd’hui. Publié le 3 mars 2014.
http://www.psychologytoday.com/blog/fighting-fear/201304/low-self-esteem.
[10] Gordon, D. A. (1977). Children’s beliefs in internal-external control and self-esteem as related to academic achievement. Journal of Personality Assessment, 41(4), 383-386.
[11] Bergonnier-Dupuy Geneviève & Esparbès-Pistre Sylvie (2007). « Accompagnement familial de la scolarité : Le point de vue du père et de la mère d’adolescents (en collège et lycée) ». Les Sciences de l’éducation- Pour l’Ère Nouvelle, vol. 40, n° 4, p. 21–45.