Dernière modification le 23 janvier 2024 par jeff

Motiver mon enfant

Vous avez déjà connu ces moments : votre enfant préfère passer son temps sur des jeux vidéo, sur les réseaux sociaux. Vous avez beau essayer de le convaincre, de brandir la menace d’un examen qui approche, d’une sanction prochaine, rien n’y fait. Pourquoi ? Que se passe-t-il dans la tête de votre enfant qui, quelque part, ruine son avenir (selon vous) ? Comment s’y prendre pour le motiver à nouveau ? C’est ce que l’on va voir dans cet article.


Par Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

 

Rien de plus simple de se motiver lorsque une chose nous plaît. Mais il y a forcément des moments où il y a des tâches à accomplir dont on se passerait bien ! C’est surtout le cas pour votre enfant à l’école : il y aura toujours une matière qu’il n’appréciera pas, des devoirs qu’il n’aimera pas faire. Enfin que dire des périodes de révision avant les examens. Dans ces cas-là, savoir se motiver, autrement dit, savoir s’automotiver devient un atout, un facteur de réussite clef ! Alors, comment aider votre enfant, votre adolescent à se motiver ? Pour cela il faut comprendre les ressorts de la motivation. Il y en a principalement 2 : l’anxiété (ou la peur) et le plaisir. La motivation est ici intrinsèque, autrement dit, elle provient de la personne, elle est « intérieure ». Lorsqu’elle vient de l’extérieur (attente d’une récompense par exemple) la motivation est dite extrinsèque.

La motivation par l’anxiété

C’est la peur d’un événement futur (à éviter) qui est l’élément déclencheur de l’action (se mettre au travail) : cela peut être la peur de rater un examen, la peur d’avoir une mauvaise note. Dans ce cas précis, la motivation se déclenche dans un processus de surenchère : le sentiment désagréable de ce qui pourrait arriver (comme rater un examen) est supérieur au désagrément de faire la tâche en question (ici, réviser les cours). Chez votre enfant, il y aura donc un « affrontement » entre la douleur de rater un examen et la douleur de faire une chose qu’il n’aime pas, comme réviser.

La raison et la logique dicteraient que la douleur de rater un examen l’emporte. Pourtant chez certains enfants, la douleur de court terme, qui est perceptible immédiatement, l’emportera sur la perspective de rater un examen. L’éloignement dans le temps et la possible illusion de facilité (tout se passera bien) réduiront la douleur d’un échec futur.

C’est souvent l’évitement de l’échec, douloureux dans l’immédiat , qui est l’élément de motivation. D’où souvent l’intérêt, pour obtenir un changement de comportement, de dramatiser les choses. C’est ce que font, plus ou moins intuitivement, certains enseignants ou formateur pour mettre au travail leurs élèves.

La motivation par l’attente d’un sentiment agréable

Il y existe un schéma de motivation qui fonctionne de manière opposée à celui que nous venons de voir. Ici c’est la perspective d’un sentiment agréable, et non plus la peur, qui est motivante. Ce n’est pas forcément l’éventualité d’avoir une bonne note, de réussir un examen, mais cela peut être tout simplement le sentiment agréable d’avoir achevé la tâche, de l’avoir faite d’autant plus si celle-ci est repoussante. Les personnes qui fonctionnent ainsi déclarent généralement : « Ce n’est pas agréable de faire telle chose, mais on se sent tellement bien une fois qu’elle est terminée et réglée !»

Inconsciemment, ces personnes visualisent la tâche accomplie. Ce qui est plaisant et motivant.

Mais que se passe-t-il lorsque la tâche est longue, par exemple la rédaction d’un mémoire de fin d’études . Car la perspective de finir le mémoire est assez éloignée dans le temps. Si le fait de visualiser le mémoire fini peut faciliter la mise au travail n’y a-t-il pas le risque d’avoir à un moment donné une panne sèche si on n’en voit pas le bout ? Exact !. Dans ce cas, la motivation chez ces personnes obéit à un processus de découpage: inconsciemment, ce n’est pas seulement la perspective de finir le travail qui donne un sentiment agréable, mais plutôt d’en finir, un morceau. Si on reste toujours dans notre exemple de la rédaction d’un mémoire, c’est le fait de réunir les informations nécessaires au commencement de la rédaction, de finir le plan, un chapitre, qui procure cette satisfaction d’avoir achevé quelque chose et qui pousse à continuer. Plus on se rapproche de la fin, plus c’est motivant.

Quels autres schémas de motivation ?

Existe-t-il d’autres schémas de motivation que les deux que nous venons d’exposer ? Généralement il s’agit d’une combinaison de l’anxiété et de sentiment agréable. Par exemple chez certaines personnes c’est l’anxiété qui pousse à se mettre au travail. Ensuite c’est le sentiment agréable à finir une tâche ou une partie de celle-ci qui reprend le relais de la motivation.
Cela montre donc bien que finalement chacun à sa manière propre de s’automotiver en intégrant soit un schéma basé sur l’anxiété soit sur le plaisir ou encore avec une combinaison des deux formes.

Que se passera-t-il si vous utilisez toujours la même stratégie (qui fonctionne pour vous-même ou pour d’autres) pour motiver votre enfant, votre ado ? Vous risquez de le démotiver encore plus. Car nous sommes tous différents

Dans l’absolu, vous comprendrez qu’il est important de connaître le mode de motivation chez votre enfant. Dans la réalité, les choses peuvent être un peu différentes : il y a des situations qui ne permettent pas toujours de connaître sa forme de motivation (anxiété ou plaisir).

Les différents moyens d’encourager la motivation intrinsèque chez l’élève

Une recherche [1]  a examiné les différents moyens d’encourager la motivation intrinsèque chez des étudiants. Les chercheurs ont rassemblé des informations provenant de 16 études différentes (dont les sujets étaient des étudiants en médecine). Les conclusions sont que, lorsque les enseignants soutenaient les étudiants d’une certaine manière, ils étaient plus susceptibles d’être intrinsèquement motivés. Cela comprend :

le respect des élèves ;

l’offre d’un soutien émotionnel ;

la présentation de différentes approches d’apprentissage ;

la promotion de la participation active ;

la liberté d’apprentissage;

formulation de commentaires positifs et constructifs.

Les 7 profils d’apprentissage

Comment faire pour repérer les personnes dont la motivation répond au schéma de l’anxiété ? Ici, l’utilisation des 7 profils d’apprentissage s’avère utile, plus particulièrement si on considère, dans ce cas précis, les profils d’identité. Par exemple, les personnes d’un profil « dynamique » répondent très souvent au schéma de motivation par l’anxiété (par la peur de l’échec ou la peur de ne pas être premier pour ceux qui ont un esprit de compétition particulièrement aiguisé). Les personnes d’un profil d’identité « perfectionniste » fonctionnent également sur ce schéma de motivation par l’anxiété. Mais l’origine de l’anxiété est un peu différente : ils seront motivés à faire des efforts pour ne pas subir les critiques des autres d’autant plus s’il s’agit de critiques qui proviennent des parents ou des professeurs.

Á contrario, les personnes de profil d’identité du type enthousiaste et émotionnel auront davantage une motivation basée sur des éléments qui procurent du plaisir.

Ne serait-il pas plus logique de considérer les profils de motivations dans les 7 profils d’apprentissage pour savoir dans quel schéma de motivation est votre enfant (anxiété ou plaisir)? Les profils de motivation concernent les éléments extérieurs (qualité relationnelle avec l’enseignant, utilité perçue du cours, etc.) qui permettent à une personne d’être motivé par l’apprentissage d’un savoir. Comme on l’a vu plus haut, il s’agit d’une motivation extrinsèque.  Or, ici il s’agit de se motiver pour réaliser une tâche ou pour faire un travail qui n’intègre pas vraiment d’éléments extérieurs. Éléments extérieurs qui ne sont pas forcément liés à un contexte d’apprentissage. Par exemple être motivé par ranger sa chambre, trier ses papiers, etc.

Si vous souhaitez ne savoir plus sur les différents profils d’identité, je vous conseille de regarder les vidéos ci-dessous, où je décris chaque profil d’identité.

 

 

 

Par Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

[1]  «  How to encourage intrinsic motivation in the clinical teaching environment?: a systematic review from the self-determination theory» J Educ Eval Health Prof.

Publiée en avril  2015 . L’étude est disponible ici : 10.3352/jeehp.2015.12.8  ou https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4397857/

4 Commentaires

  1. Bonjour, j’ai un profil d’identité « intellectuel » et je voudrai savoir si je suis motivé par l’anxieté ou bien par le plaisir d’apprendre ?

    • Bonjour Olivier,
      SI vous avez ce profil d’identité, cela veut dire que vous réfléchissez beaucoup et de façon automatique. Statistiquement, les personnes de ce profils aiment apprendre pour apprendre de nouvelle chose. Il faudrait regarder votre profil de motivation. Probablement qu’il est « Vais-je apprendre ? »

      Jean-François

  2. Bonjour,

    Mon fils a un profil d’identité enthousiaste (58%) et perfectionniste (44%) et un profil de motivation quelle utilité (46%) et Avec qui (38%). Comme il est aussi précoce (QI>140), dyslexique et avec un profil de compréhension kinesthesique (50%) auditif (30%) autant dire que l’école est très très compliquée. Le motiver est un souci depuis le CP, mais encore plus maintenant qu’il a 14 ans. Chez lui le plaisir d’apprendre est largement dominant mais cela est rare et ne dure jamais bien longtemps (très vite déçu par un prof, une matière ou un travail qui « ne sert à rien »). Un conseil?

    • Bonjour,
      Merci pour votre message.

      Chez lui le plaisir d’apprendre est largement dominant mais cela est rare et ne dure jamais bien longtemps (très vite déçu par un prof, une matière ou un travail qui « ne sert à rien »).

      Normal si vous regardez son profil de motivation. « Quelle utilité à 46% »

      Plusieurs choses :

      . Votre fils n’a que 14 ans. L’adolescence n’est pas une période facile, surtout pour les enfants précoces comme lui. Je ne peux que conseiller aux parents d’être patients et d’être compréhensif, présent et attentif. C’est déjà énorme.

      . Votre fils devra s’exercer à voir l’utilité de ce qu’il apprend. Même si ce cela ne saute pas aux yeux. C’est un effort qu’il devra consentir dans son apprentissage.

      . Lui faire comprendre que dans ce monde, même s’il est imparfait, personne ne s’adapter à lui. Je sais c’est un peu dur ce que je dis, mais c’est essentiel de comprendre cela chez lui. Autrement votre fils développera un schéma de pensée de victime.

      Vous avez fait découvert à votre fils sa façon d’apprendre. Il a une compréhension sur sa façon de fonctionner, ce qui est un grand pas.

      EN espérant avoir pu vous éclairer.

      Jean-François

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